Dans le capitalisme, une immense quantité de travail humain
et de ressources naturelles et matérielles est absorbée par des activités
inutiles (ou, du moins, uniquement utiles dans le cadre de la société
capitaliste) et nuisibles, telles que la banque, les assurances, la
comptabilité, la publicité, le commerce, les activités liées à l’existence de
l’argent (extraction et transformation des matières premières, fabrication du
papier, impression des moyens de paiement, des tickets de toutes sortes, des
devis et des factures, surveillance, comptabilité, transport, fabrication et
entretien des machines et outils correspondants, etc.), l’industrie de
l’armement, la construction des infrastructures militaires, judiciaires,
carcérales, etc.
La suppression des activités industrielles et commerciales
et des administrations inutiles, dangereuses ou gaspilleuses d’énergie
permettra de réduire de manière considérable le nombre d’heures de travail
nécessaires au bon fonctionnement de la société et d’alléger la charge du travail
utile. Dans ces conditions, la pénibilité de certaines tâches s’en trouvera
très réduite… sans oublier que, assurés de travailler, non plus pour un patron,
mais dans leur propre intérêt, individuel et collectif, les membres de la
société d'abondance ne considéreront plus le travail de la même manière car
celui-ci perdra beaucoup de son caractère ingrat et rebutant.
Ainsi, les gens n’aiment pas le « travail » aujourd’hui
parce que c’est essentiellement de l’« emploi », c’est-à-dire du travail
effectué pour et dans l’intérêt de quelqu’un d’autre, l’employeur. Ce n’est
donc pas un travail destiné à être intéressant ni gratifiant. Au contraire,
l’employeur n’en a rien à faire s’il est répétitif, ennuyeux ou même, parfois,
dangereux ; ce qui l’intéresse, c’est que le travail de son employé lui
rapporte de l’argent.
De leur côté, ces mêmes travailleurs, qui sont rebutés à
l’idée d’aller travailler pour un patron, sont prêts à passer du temps, à «
travailler » dur parfois, pendant leur temps de loisirs, pour faire du
jardinage ou le ménage, réparer leur voiture, aménager leur logement, bricoler,
aider leurs enfants à faire leurs devoirs ou s’investir dans une association,
c’est-à-dire à faire quelque chose qu’ils estiment utile, nécessaire,
intéressant, gratifiant, épanouissant ou bénéfique.
Il en sera de même dans la société socialiste, où la
relation exploiteur-exploité et le profit ayant disparu, les membres de la
société auront la possibilité de travailler dans l’activité qui les intéresse
le plus ou qui correspond le mieux à leurs capacités. Ce n’est donc pas le
travail en tant que tel qui représente un problème, mais les conditions dans
lesquelles s’effectue ce travail.
Dans une société socialiste l’activité productive prendra la
forme d’une activité librement choisie, entreprise par les êtres humains en vue
de produire les choses dont ils ont besoin pour vivre et apprécier la vie. Le
travail productif nécessaire de la société ne sera pas effectué par une classe
de salariés employés, mais par tous les membres, chacun coopérant selon ses
capacités pour produire les choses nécessaires à la satisfaction des besoins
individuels et communautaires. Le travail ne peut qu’être volontaire car il n’y
aura pas de groupe ou d’organe social capables de forcer les gens au travail
contre leur volonté.
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